Guerrin
Jean-Jacques-Marie-Antoine Guerrin
(1793-1877)

Mgr Guerrin, évêque de Langres d'après Joseph-Paul AlizardJean-Jacques-Marie-Antoine GuerrinMgr Guerrin en 1877, fils de Jean Guerrin (1758-1831) et de Adèle-Anne-Claude Bigey (1769-1859), né à Vesoul, département de la Haute-Saône, le 31 décembre 1793.

Dès neuf ans, il étudie au collège de Vesoul. Il est le plus jeune de sa classe. Il entre ensuite au grand séminaire de Besançon.

A vingt ans, il se destine à la Compagnie de Jésus, qui venait de rentrer en France et ouvrait un noviciat à Montrouge. Il est encore mineur. Son père l'en empêche alors catégoriquement lui intimant l'ordre de rentrer au foyer familial au moyen d'une notification par l'autorité civile.

Il est ordonné prêtre à Besançon et se livre à la prédication. Il devient professeur de rhétorique à Luxeuil et enseigne les Humanités à Vesoul. Nommé Supérieur au petit séminaire de Luxeuil en 1818, il y demeure vingt ans.

En 1838 il est nommé vicaire général agréé de Mgr l'évêque de Besançon, en 1838. Il occupa cette fonction jusqu'en 1851.

Un décret du président de la République du 15 octobre 1851 le propose à l'évêché de Langres laissé vacant par la promotion de Mgr Parisis à Arras. Il est préconisé en consistoire le 15 mars 1852.

Son sacre est fixé au 6 mai 1852, mais ne peut avoir lieu à cette date. Il est alors consacré le 23 mai suivant à Besançon par Mgr Mathieu, archevêque de Dijon et Mgr Caverot évêque de Saint-Dié.

Il publie sa première lettre pastorale le 6 mai 1852.

Entre 1852 et 1870, il donne 107 mandatements, instructions et circulaires portant sur la pratique et l'administration du diocèse de Langres. Ainsi : La Pénitence ; le soin des Écoles ; la Foi ; l'Immaculée-Conception ; l'Observation des préceptes ; l'Entretien, la décoration et l'ameublement des églises ; la Parole de Dieu ; l'Affaiblissement de la Foi ; la Situation et les besoins des Nations catholiques ; les Grâces actuelles ; l'Amoindrissement du sens chrétien ; la Guerre contre l'Église ; la Crainte de Dieu ; l'Avenir du chrétien ; les Bienfaits de la Foi ; la Vraie notion de la liberté ; les Mystères de la Croix ; l'Éloignement des Sacrements ; la Vie militante ; la Conjuration de l'impiété contre Dieu et son Christ ; le Salut de l'âme ; les Épreuves de l'Église, comment doit-on les envisager ; Spectacle que nous offre la société contemporaine, etc.

Le 1er mai 1855, il approuve et permet l'impression du Petit manuel à l'usage des membres des associations particulières du très-saint et immaculé coeur de Marie du curé de Violot.

Il contribue au rappel des Dominicains dans la ville de Langres, à l'établissement de la maîtrise, ainsi qu'à l’œuvre de la Sainte-Enfance de Marie à Villegusien.

Il assiste, au sacre de Mgr Jacques-Antoine-Claude-Marie Boudinet, le 20 juillet 1856 dans la cathédrale de Reims et le  25 août 1861 au sacre de Mgr Charles-Théodore Colet dans l'église cathédrale de Dijon.

Le 24 août 1859, il félicite M. H. Vrayet de Surcy, éditeur à Paris, 10, rue de Sèvres, pour l’œuvre qu'il entreprend pour la propagation des bons livres à l'origine de la Revue bibliographique et littéraire de l’œuvre des agrégations pour la propagation des bons ouvrages, dont le premier numéro paraîtra le 1er novembre 1864.

Mgr Guerrin devient assistant au trône pontifical le 22 mai 1862.

Le 20 novembre 1862, il nomme et institue une commission spéciale chargée d'interroger les plus anciens habitants de la ville de Chaumont, de recueillir leurs témoignages et leurs souvenirs, dans le cadre de l'instruction de la cause de Béatification du R. P. Honoré de Champigny, de son vivant Provincial des Capucins de la Province de Paris. Cette commission est composée de M. Vitu, chanoine honoraire et curé de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Chaumont, président ;  de M. Rausch, trésorier de la Fabrique, de la même paroisse ; de M. Carnandet, bibliothécaire ; de M. l'abbé Lebland, ancien principal de collège ; et de M. Lavier, premier vicaire de la paroisse.

Le 22 novembre 1863, il consacre le Maître-Autel de l'église de Notre-Dame de Montiérender et renferme dans le sépulcre de cet Autel des reliques des saints Martyrs Berchaire et Félix. En vertu d'un Induit apostolique, il donne, à l'issue de la messe célébrée pontificalement, la bénédiction papale.

Consécration du Maître-Autel de l'église de Montiérender

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du 12 août 1864, en sa qualité d'évêque de Langres.

En 1870 et 1871 il est témoin dans son diocèse des malheurs de la guerre avec la Prusse.

À son retour de Rome, dans son mandatement pour le carême de l'an de grâce 1871, du 29 janvier 1871, il évoque l'important résultat des longs et patients travaux du Concile Vatican auxquels il a participé. Il y déplore surtout «les bruits de la guerre», «la guerre elle-même», «les combats avec leurs terribles vicissitudes», «les revers» et «les désastres inouïs et enfin une formidable invasion avec toutes ses conséquences» ; «louant et bénissant les prodigieux efforts qu'un patriotisme ardent et surexité par l'excès même de nos malheurs, ne cesse de faire pour délivrer la patrie et lui rendre la paix et la liberté».

Après le départ de l'envahisseur, il fait élever sur la colline des Fourches le monument Notre-Dame-de-Délivrance, où on le trouve représenté dans une verrière, priant Notre-Dame à genoux.

«Quant au portrait physique et moral de Mgr Guerrin, un mot suffira pour le tracer : le calme. Bien différent de Mgr Parisis, qui étit d'une activité dévorante, semblable aux flots d'une mer agitée, Mgr Guerrin était toujours calme, comme une eau paisible (...) Mgr Guerrin était calme dans son allure et sur toute sa personne. Un peintre aurait toujours été à même de tirer son portrait, car son visage était toujours le même, toujours calme. Sur son front serein se reflétait comme une image des huit béatitudes, selon l'expression d'une femme spirituelle. Calme dans sa parole, soit qu'il adressât des louanges, soit qu'il adressât des reproches ; calme dans son écriture qui était toujours parfaitement régulière et en ligne droite ; calme dans son style, ne visant jamais à l'effet, quoiqu'il eût pu le faire, ayant été professeur de rhétorique et l'émule dans ses classes des Gousset , des Doney, des Gerbet et autres ecclésiastiques distingués du diocèse de Besançon ; calme dans sa prédication, parlant toujours d'une ton modéré, pieux et modeste (...) tel était et tel paraissait en toute circonstance Mgr Guerrin. Ce calme absolu nuisait, il est vrai, à son éloquence et l'empêchait d'être un véritable orateur. Pour remuer les hommes adonnés aux passions, il faut à l'orateur du mouvement, de l'énergie, de la vivacité et une sorte de passion. Or, Mgr Guerrin, par son calme inaltérable, semblait être sans passion ; c'est ce qui achève de peindre ce prélat vertueux.» ROUSSEL (Abbé), Le diocèse de Langres, histoire et statistiques, tome IV, Jules Dallet, libraire-éditeur, Langres 1879, p. 192 & 193.

Il meurt subitement à Langres, âgé de 83 ans, le lundi 19 mars 1877, jour et fête de la saint Joseph, à 7 heures et quart du soir, dans la salle du Chapitre, au moment où il revêtait ses ornements pontificaux pour présider à un salut solennel en sa cathédrale. Le matin même après avoir célébré la messe comme à l'ordinaire, nous dit l'abbé Roussel, il prenait la plume pour une dernière fois, et écrivait à une de ses anciennes pénitentes, mademoiselle Junot de Vesoul, toute dévouée aux bonnes œuvres et alors gravement malade : «il me semble que c'est saint Joseph, au jour de sa fête, qui viendra chercher son humble servante. Fille de la croix, montez au ciel.» Ces paroles, ces vœux formés pour la pénitente, s'accomplirent à la lettre pour le saint prélat lui-même, puis quelques jours après, à la réception du rendez-vous, pour mademoiselle Junot elle-même.

Son oraison funèbre est prononcée, le 16 mai 1877, par Mgr Louis Besson (1821-1888), évêque de Nîmes, un de ses anciens élèves au séminaire de Luxeuil.

La municipalité de Langres, ouvre une souscription dans le diocèse en faveur de l'édification de son tombeau monumental dans la cathédrale de Langres. Ce monument mis en place en 1882 se compose d'un sépulcre en marbre noir, portant en bronze doré les armes de l'évêque et reposant sur une base en pierre du pays. Sur le sarcophage, une statue de marbre blanc, œuvre du sculpteur Jean-Marie Bonassieux (1810-1892), représente Mgr Guerrin priant à genoux, revêtu de ses habits de chœur. Une plaque de marbre noir, fixée sur la base du monument, porte l'inscription suivante :

HIC IN PACE CHRISTI QVIESCIT
CORPVS R. R. D. D. JOANNIS JACOBI MARIAE
ANTONII GVERRIN, EPISCOPI LINGONENSIS,
NATVS VESOLII XXXI DECEMBRIS MDCCLXXXXIII
CONSECRATVS VESONTIAE XXIII MAII MDCCCLI
OBIIT IN DOMINO XIX MARTII MDCCCLXXVII
Sit memoria illius in benedictione
Vive Deo dulcis anima et ora.


Tombeau monumental de Mgr Guerrin

Les armoiries de Mgr Guerrin




Les armes de Mgr Guerrin. D'Azur à l'Ange d'argent aux ailes étendues, de face, joignant les mains.

Sa devise. Angele Dei, custos sis mei (Ange de Dieu, qui êtes mon Gardien).

Son sceau épiscopal. Ovale de 43 millimètres.
Les armes de l'évêque dans un cartouche timbré d'une couronne ducale entre une crosse et une mitre, terminé en bas par deux branches de laurier entrecroisées.

Cimier : un chapeau épiscopal avec cordons à quatre rangs de houppes.
Légende : JOHANNES JACOBUS MARIA ANTONIUS EPISCOPUS LONGONENSIS.




Bibliographie succincte :

Catéchisme du diocèse de Langres, publié par Monseigneur Pierre-Louis Parisis, autorisé par Monseigneur Jean-Jacques-Antoine Guerrin, évêque de Langres, pour être seul enseigné dans son diocèse, Laurent fils, Langres, In-12, 1853, 1854, 1857, 1865.
Catéchisme du diocèse de Langres, édition de 1865
Évêché d
Paroissien romain (1874)e Langres à MM. les commerçants de la ville de Langres, Langres, 8 septembre 1854, In-4° 2 p.

Approbation du Petit manuel à l'usage des membres des associations particulières du très-saint et immaculé coeur de Marie, pour la conversion des pécheurs, établies dans le diocèse de Langres et agrégées à l'archiconfrérie de Notre-Dame-des-Victoires, à Paris, Imprimerie E. L'Huilier, Langres 1855.

Administration des aumônes paroissiales par les fabriques,
Langres, 28 février 1856

Circulaire relative à la souscription pour l'acquisition des bâtiments et terrains du collège Saint-Dizier,
Imprimerie Vatelet, Langres, 1856, In-4°, 3 p.

La sovranità temporale dei romani pontefici, propugnata nella sua integrità dal suffragio dell' orbe cattolico, regnante Pio IX, l'anno XIV, parte seconda, Francia, Belgio, svizzera, vol. 1, l'episcopato. Mandamento del vescono di Langres al clero e ai fedeli della sua diocesi, 15 décembre 1859, Diocesi di Langres, Coi tipi civiltà cattolica, Roma, 1860, p. 847.

 Mandement de Monseigneur l'évêque de Langres pour le carême de l'an de grâce 1861, A. Le Clère, Paris, 1861, 26 p.

Lettres et avis spirituels de Sébastien Zamet. Lettre préface, Victor Palmé, Paris, 1862.

Tableau chronologique des saints et saintes du diocèse de Langres, inséré dans l'Ordo divini oficii recitandi sacrique faciendi intra dioecesil Lingonensem (...), pour l'année 1864, approuvé par Mgr Jean-Jacques-Marie-Antoine Guerrin, évêque de Langres.

L'évêché de Langres au XV
e, au XVIe et au XVIIIe siècles, ou Tableau de ses établissements ecclésiastiques à ces trois époques comprenant par archidiaconés et par doyennés ses cures, succursales, chapitres, abbayes, prieurés, chapelles, hospices et autres institutions de charité ; d'après d'anciens manuscrits latins interprétés, annotés et publiés sous les auspices de Mgr Guerrin, 105e évêque de Langres, Typographie L. Guérin, Bar-le-Duc,1868, In-8°, 78 p.

Mandatement pour le carême de l'an de grâce 1871, 29 janvier 1871.

Paroissien romain, publié par ordre de Monseigneur Jean-Jacques-Marie-Antoine Guerrin, évêque de Langres, à l'usage de son diocèse,
12e édition, Th. Chapelet, libraire de l'évêché, Langres, 1874.
Catéchisme du diocèse de Langres, édition de 1865
Mandement à l'occasion du pèlerinage à Notre-Dame de La Salette qui s'organise dans le diocèse, Imprimerie Carnandet, Saint-Dizier, 1874, In-8°, 4 p.

S
ources : 

Les Pères du concile du Vatican, biographie illustrée de tous les Pères du concile. Publiée en fascicules de 16 pages grand in 8°,  partie 31-32, Lyon, Paris, 1870, pp. 128 & ss.

ODINOT (Abbé), Église abbatiale de Montiérender. Essai monographique orné de dessins, dédié à Monseigneur l'évêque de Langres, Imprimerie et librairie Firmin Dangien, Langres, 1873, p. 145.

BESSON (Louis), Oraison funèbre de Mgr J.-J.-M.-A.- Guerrin, évêque de Langres, prononcée dans la cathédrale Saint-Mammès, le 16 mai 1877, par Monseigneur Besson, évêque de Nîmes, Imprimerie et librairie Firmin Dangien, Langres 1877.

DAGUIN (Arthur), Les évêques de Langres. Étude épigraphique, sigillographique et héraldique, Mémoires de la Société historique et archéologique de Langres, Tome III, Langres, Paris, 1877.

Semaine religieuse de Langres, 20 mai 1877.

Le moniteur Belge, Journal officiel, année 1877, 47e année n° 82, Bruxelles, vendredi 23 mars 1877. Nécrologie, p. 863.

Polybiblion, revue bibliographique universelle, partie littéraire, 2e série, tome 5e, 19e de la collection, Paris, 1877, pp. 360 & ss.

ROUSSEL (Abbé), Le diocèse de Langres, histoire et statistiques, tome IV, Jules Dallet, libraire-éditeur, Langres 1879.

Œuvres pastorales de Mgr Besson, évêque de Nîmes, Uzès et Alais (1875-1878), tome II, Bray et Retaux, libraires-éditeurs, Paris, 1879, pp. 91 & ss..

Archives nationales, base Leonore, cote LH/1223/30.

MASSA-GILLE (Geneviève), Journal  d'Hippolyte Fortoul, ministre de l'Instruction publique et des Cultes (1811-1856), 1er janvier 1855-4 juillet 1856, tome II, publié avec le concours du Centre national de la recherche scientifique, Librairie Droz, Genève, 1989, p. 327.

PALASI (Philippe), Armorial historique et monumental de la Haute-Marne, XIIIe-XIXe siècle,  Le Pythagore, 2004, p. 167.


                                                                     

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