Jean-Jacques-Marie-Antoine Guerrin,
fils de Jean Guerrin (1758-1831) et de Adèle-Anne-Claude Bigey
(1769-1859), né à Vesoul, département de la Haute-Saône, le 31 décembre
1793. Dès neuf ans, il étudie au collège de Vesoul. Il est
le plus jeune de sa classe. Il entre ensuite au grand séminaire de
Besançon. A vingt ans, il se destine à la Compagnie de Jésus,
qui venait de rentrer en France et ouvrait un noviciat à Montrouge. Il
est encore mineur. Son père l'en empêche alors catégoriquement lui
intimant l'ordre de rentrer au foyer familial au moyen d'une
notification par l'autorité civile. Il est ordonné prêtre à Besançon et se livre à la prédication. Il devient professeur de
rhétorique à Luxeuil et enseigne les Humanités à Vesoul. Nommé Supérieur
au petit séminaire de Luxeuil en 1818, il y demeure vingt ans. En 1838 il est nommé vicaire général agréé de Mgr l'évêque de Besançon, en 1838. Il occupa cette fonction jusqu'en 1851. Un décret du président de la République du 15 octobre 1851 le propose à
l'évêché de Langres laissé vacant par la promotion de Mgr Parisis à
Arras. Il est préconisé en consistoire le 15 mars 1852. Son sacre est fixé au 6 mai 1852, mais ne peut avoir
lieu à cette date. Il est alors consacré le 23 mai suivant à Besançon
par Mgr Mathieu, archevêque de Dijon et Mgr Caverot évêque de Saint-Dié. Il publie sa première lettre pastorale le 6 mai 1852. Entre 1852 et 1870, il donne 107 mandatements,
instructions et circulaires portant sur la pratique et l'administration
du diocèse de Langres. Ainsi : La Pénitence ; le soin des Écoles ; la
Foi ; l'Immaculée-Conception ; l'Observation des préceptes ;
l'Entretien, la décoration et l'ameublement des églises ; la Parole de
Dieu ; l'Affaiblissement de la Foi ; la Situation et les besoins des
Nations catholiques ; les Grâces actuelles ; l'Amoindrissement du sens
chrétien ; la Guerre contre l'Église ; la Crainte de Dieu ; l'Avenir du
chrétien ; les Bienfaits de la Foi ; la Vraie notion de la liberté ; les
Mystères de la Croix ; l'Éloignement des Sacrements ; la Vie militante ;
la Conjuration de l'impiété contre Dieu et son Christ ; le Salut de
l'âme ; les Épreuves de l'Église, comment doit-on les envisager ; Spectacle que nous offre la société contemporaine, etc. Le 1er mai 1855, il approuve et permet l'impression du Petit manuel à l'usage des membres des associations particulières du très-saint et immaculé coeur de Marie du curé de Violot. Il contribue au rappel des Dominicains dans la ville
de Langres, à l'établissement de la maîtrise, ainsi qu'à l’œuvre de la
Sainte-Enfance de Marie à Villegusien. Il assiste, au sacre de Mgr
Jacques-Antoine-Claude-Marie Boudinet, le 20 juillet 1856 dans la
cathédrale de Reims et le 25 août 1861 au sacre de Mgr
Charles-Théodore Colet dans l'église cathédrale de Dijon. Le 24 août 1859, il félicite M. H. Vrayet de Surcy, éditeur à Paris, 10, rue de Sèvres, pour l’œuvre qu'il entreprend pour la propagation des bons livres à l'origine de la Revue bibliographique et littéraire de l’œuvre des agrégations pour la propagation des bons ouvrages, dont le premier numéro paraîtra le 1er novembre 1864. Mgr Guerrin devient assistant au trône pontifical le 22 mai 1862. Le 20 novembre 1862, il nomme et institue une
commission spéciale chargée d'interroger les plus anciens habitants de
la ville de Chaumont, de recueillir leurs témoignages et leurs
souvenirs, dans le cadre de l'instruction de la cause de Béatification
du R. P. Honoré de Champigny, de son vivant Provincial des Capucins de
la Province de Paris. Cette commission est composée de M. Vitu, chanoine
honoraire et curé de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Chaumont,
président ; de M. Rausch, trésorier de la Fabrique, de la même
paroisse ; de M. Carnandet, bibliothécaire ; de M. l'abbé Lebland,
ancien principal de collège ; et de M. Lavier, premier vicaire de la
paroisse. Le 22 novembre 1863, il consacre le Maître-Autel de
l'église de Notre-Dame de Montiérender et renferme dans le sépulcre de
cet Autel des reliques des saints Martyrs Berchaire et Félix. En vertu
d'un Induit apostolique, il donne, à l'issue de la messe célébrée
pontificalement, la bénédiction papale. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du 12 août 1864, en sa qualité d'évêque de Langres. En 1870 et 1871 il est témoin dans son diocèse des malheurs de la guerre
avec la Prusse. À son retour de Rome, dans son mandatement pour le carême de l'an de grâce 1871,
du 29 janvier 1871, il évoque l'important résultat des longs et
patients travaux du Concile Vatican auxquels il a participé. Il y
déplore surtout «les bruits de la guerre», «la guerre elle-même», «les combats avec leurs terribles vicissitudes», «les revers» et «les désastres inouïs et enfin une formidable invasion avec toutes ses conséquences» ; «louant
et bénissant les prodigieux efforts qu'un patriotisme ardent et
surexité par l'excès même de nos malheurs, ne cesse de faire pour
délivrer la patrie et lui rendre la paix et la liberté». Après le départ de l'envahisseur, il
fait élever sur la colline des Fourches le monument
Notre-Dame-de-Délivrance, où on le trouve représenté dans une verrière,
priant Notre-Dame à genoux.
Il meurt subitement à Langres, âgé de 83 ans, le lundi 19
mars 1877, jour et fête de la saint Joseph, à 7 heures et quart du soir, dans la salle du Chapitre, au moment où il revêtait ses
ornements pontificaux pour présider à un salut solennel en sa
cathédrale. Le matin même après avoir célébré la messe comme à
l'ordinaire, nous dit l'abbé Roussel, il prenait la plume pour une
dernière fois, et écrivait à une de ses anciennes pénitentes,
mademoiselle Junot de Vesoul, toute dévouée aux bonnes œuvres et alors
gravement malade : «il me semble que c'est saint Joseph, au jour de sa
fête, qui viendra chercher son humble servante. Fille de la croix,
montez au ciel.» Ces paroles, ces vœux formés pour la pénitente,
s'accomplirent à la lettre pour le saint prélat lui-même, puis quelques
jours après, à la réception du rendez-vous, pour mademoiselle Junot
elle-même. Son oraison funèbre est prononcée, le 16 mai 1877,
par Mgr Louis Besson (1821-1888), évêque de Nîmes, un de ses anciens
élèves au séminaire de Luxeuil. La municipalité de Langres, ouvre une
souscription dans le diocèse en faveur de l'édification
de son tombeau monumental dans la cathédrale de Langres. Ce monument
mis en place en 1882 se compose d'un sépulcre en marbre noir, portant en
bronze doré les armes de l'évêque et reposant sur une base en pierre
du pays. Sur le sarcophage, une statue de marbre blanc, œuvre du
sculpteur Jean-Marie Bonassieux (1810-1892), représente Mgr Guerrin
priant à genoux, revêtu de
ses habits de chœur. Une plaque de marbre noir, fixée sur la base du
monument, porte l'inscription suivante :
Les armes de Mgr Guerrin. D'Azur à l'Ange d'argent aux ailes étendues, de face, joignant les mains.
Sa devise. Angele Dei, custos sis mei (Ange de Dieu, qui êtes mon Gardien). Son sceau épiscopal. Ovale de 43 millimètres.
Cimier : un chapeau épiscopal avec cordons à quatre rangs de houppes.
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© jchr 19 août 2024
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