La guerre franco-allemande de 1870-1871

19 Juillet 1870 (déclaration de guerre à la Prusse) - 10 mai 1871 (Traité de Francfort)

L'année terrible à Rolampont

...............Ceux-là, seuls, qui ont vécu l'année
terrible savent combien étaient grandes alors
les responsabilités et périlleux l'exercice des
fonctions publiques !
........Dans notre village encombré de militaires
français, réquisitions sur réquisitions étaient
chaque jour nécessaires (...)

.........................................(...) les soldats ennemis
remplacèrent à Rolampont les militaires français
et M. l'Adjoint
(*) dut céder son appartement aux
envahisseurs pour s'aliter dans une chambre où
l'on ne pouvait entretenir la température constante
nécessaire à sa guérison.

.......C'est là que M. Dr Martin, accablé de besogne
lui aussi, allait lui prodiguer ses soins.

Ainsi s'exprimait, en 1905,
Pierre Henry DESGRES,
maire de Rolampont.

(*) Jean Baptiste RENARD (1825-1905), maréchal-ferrant

Le combat du dimanche 18 décembre 1870
laissa sans doute au moins deux morts
sur le territoire de Rolampont.
Les corps furent découverts dix jours
plus tard dans le bois de la Pâture.

Une souscription est ouverte, le 4 janvier 1871,
en faveur des blessés français laissés
à l'ambulance de Rolampont.

Vu l'état de dénument complet dans lequel
se trouvent ces soldats, nous nous adressons à
la bienfaisance des habitants de la commune.
Les dons seront remis entre les mains du maire
qui tiendra compte de leur emploi.
Les dons en nature tel que lait, lard, vin, oeufs,
sucre, café, riz, seront déposés à l'ambulance.
Rolampont, le 4 janvier 1870 (sic.)
Le maire, Dr A. Martin

Le contexte

La veille de la déclaration de guerre les réserves de l'armée active, peu nombreuse et la garde nationale mobile sont appelées sous les drapeaux. La mobilisation produit une garnison de plus de 14.000 hommes cantonnés à Langres et dans les environs. Les soldats sont dans une situation déplorable : mal logés voire sans abri, mal nourris, nombre d'entre-eux doivent aussi affronter les maladies qui s'installent. L'accueil des malades est assuré tant bien que mal. Les infrastructures existantes sont insuffisantes. Des hôpitaux provisoires sont ouverts. Des cas de varioles se déclarent. Les troupes et la population sont vaccinées sans délai et l'épidémie ne se propage pas. Environ 300 soldats mourront de maladie entre le mois de septembre 1870 et janvier 1871.

Le 9 septembre 1870, après la défaite de Sedan, la garde nationale sédentaire chargée de la défense des communes est constituée avec des moyens locaux. Le 4 octobre 1870, la garde nationale mobilisée est composée de volontaires et des hommes de 25 ans à 40 ans, célibataires ou veufs et sans enfant. L'équipement des soldats mobilisés est assuré au mieux par les communes. Trois légions de 2.000 gardes mobiles se forment en Haute-Marne, une par arrondissement. L'armée régulière n'est plus qu'un fantôme après les désastres de Metz et Sedan. On essaie de la reconstituer.

Rolampont est l'avant-poste de Langres sur le route de Chaumont. Sa situation sur ce qui est le principal axe d'attaque en venant du Nord amène le commandement français à y placer une garnison de quatre compagnies. Il est attaqué une première fois les 15 et 16 novembre 1870 et une seconde fois le 17 janvier 1871. Ces deux combats ont causé d'importants dommages aux habitations. (**)

(**) Lieux de mémoire en Haute-Marne, guide des monuments de la guerre de 1870-1871, ouvrage collectif, Imprimerie du Petit-Cloître, Langres, p. 46.

Les victimes - Morts aux armées françaises

- Léon Michel NICOLAS, 27 ans, soldat au 14e régiment d'artillerie monté, né le 20 février 1843 à Rolampont, Haute-Marne, fils de Michel et de Marguerite FERRAND, entré à l'hôpital civil de Dijon, Côte-d'Or, le 21 juillet 1870, il y décède le 7 août 1870 à 4 heures du soir par suite de phitisie pulmonaire.
(Transcription de décès n°14 du 12.08.1870)

- Nicolas GIRARDOT, 24 ans, garde national mobilisé de Bussières-lès-Belmont, laissé malade à Rolampont depuis le 9 novembre 1870, décédé le 3 décembre 1870 à 8 heures du matin.
(Acte de décès n°31 du 03.12.1870, 17 h)

- Antoine Ferdinand BEDET, 30 ans, né le 18 décembre 1840 à Blécourt, garde national mobilisé de la 3e légion, 3e bataillon, 5e compagnie, décédé le 14 décembre 1870, à 4 h du matin, dans la maison de François LECLERC, cultivateur de Rolampont.
(Acte de décès n°34 du 14.12.1870, 14 h)

- Nicolas HENRI, de Bugnières, canton d'Arc en Barrois, sergent garde mobilisé, trouvé mort au bois de la Pâture.
(Acte de décès n°39 du 28.12.1870, 14 h)

- Joseph GUICHARD, de Bugnières, canton d'Arc-en-Barrois, garde mobilisé, trouvé mort au bois de la Pâture.
(Acte de décès n°40 du 28.12.1870, 14 h)

- Ernest VARINON, 21 ans, célibataire, né le 15 mai 1849 à Juvigny, canton d'Ancerville, Meuse, fils de Pierre et Marguerite GAILLET, garde mobilisé, soldat dans la mobile de la Haute-Marne, 1re compagnie, 1er bataillon du 56e provisoire, décédé dans la maison de Baptiste MARTEL, carrier à Rolampont, le 17 février 1871 à 1 heure du matin.
(Acte de décès n°11 du 17.02.1871, 8 h)

- Théodore Léon Gustave CAPITAIN, 24 ans, né le 21 janvier 1847 à Saint-Martin, canton de Juzennecourt, Haute-Marne, fils de Didier Auguste, cultivateur à Saint-Martin et de Anne Anasthasie GODINET, garde mobilisé, soldat dans la mobile de la Haute-Marne au 56e provisoire, décédé le 19 février 1871 à 13 h, à Rolampont, dans la maison de Jean Boisset.
(Acte de décès n°13 du 19.02.1871, 16 h)

- Charles Adrien DURAND, 23 ans, célibataire, né à Larivière, canton de Bourbonnes-les-Bains, le 20 décembre 1847, fils de Claude et Marguerite MILARD, garde mobile au 56e provisoire, laissé à l'ambulance de Rolampont, décédé le 29 mars 1871, à 9 heures du matin, dans la maison des soeurs institutrices à Rolampont.
(Acte de décès n°22 du 29.03.1871, 11h)

- Félix GODARD, 21 ans, soldat de 2e classe au 50e régiment d'infanterie de ligne, 8e compagnie provisoire en garnison à Langres, né à Donnemarie, canton de Nogent-le-Roi, Haute-Marne, domicilié à Rolampont, déposé provisoirement à l'hospice de Charité de Langres, y est décédé le 4 avril 1871 à 2 heures du matin.
(Extrait mortuaire, transcription n°24 du 05.04.1871)

- Louis Isidore BRULE, 21 ans, né à Rolampont le 22 mars 1850, célibataire, fils de feu Nicolas et Catherine MATUCHET, manouvrière, domiciliée à Rolampont, soldat au 50e de ligne en garnison à Langres, décédé le 12 avril 1871 à 11 heures du soir au domicile de sa mère.
(Acte de décès n°26 du 13.04.1871, 8h)

Les tombes française & allemande du cimetière de Rolampont

  Il s'agit de deux tombes militaires conformes à la loi du 4 avril 1873 pour la conservation des tombes des soldats morts pendant la dernière guerre. L'une est située contre le mur du cimetière, au fond, à gauche de l'allée centrale (section A n° 19), côté avenue de Verdun, l'autre contre le mur de droite (section D n° 52), côté rue du Mennelet. Elles sont entourées de la grille réglementaire. La croix se trouve au pied de la tombe et non à sa tête, ce qui pourrait-être du à une erreur de montage. Aucune inscription ne figure sur les sépultures. Rien ne permet de distinguer la tombe française de la tombe allemande.  

Source : Archives municipales & NMD, Rolampont, Haute-Marne, Lieux de mémoire en Haute-Marne, guide des monuments de la guerre de 1870-1871, ouvrage collectif, Imprimerie du Petit-Cloître, Langres, 48 p.


© 19 juillet 2005 / MAJ 28/08/05

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