Le Général Simon Hubert Carteret-Trécourt

Né à Rolampont le 3 janvier 1821, Simon-Hubert est l'un des fils de Didier Carteret-Trécourt, propriétaire, meunier et maire de Rolampont et Françoise Trécourt.

Il décède à Paris le 6 février 1885 dans la maison des frères de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot.

Arme : infanterie

Entré au service le 21 août 1841. Ecole de Saint-Cyr

Sous-lieutenant le 1er avril 1843

Au 56e de ligne en 1846

Il fit presque toute sa carrière en Afrique, dans la légion étrangère mais surtout dans le corps des zouaves.
32 campagnes dont 23 en Afrique et 5 au Mexique.

Il fut aussi présent en Italie (Magenta 1859)

Lieutenant le 28 juillet 1848

Capitaine le 5 mai 1853

Chef de bataillon le 18 juin 1859

Lieutenant-Colonel le 13 août 1863

Colonel le 26 avril 1865

Présent à Reichshoffen, son attitude lors de la retraite de Mac Mahon lui vaut le grade de général de brigade

Général de brigade le 12 août 1870

Blessé à Sedan, dans la journée du 1er septembre. Après la paix il retourne en Afrique où il est bientôt nommé à la tête de la province de Constantine

Général de division le 30 septembre 1875

Commandant le 2e corps d'armée à Amiens en 1878

Commandant le 14e corps d'armée et le gouvernement militaire de Lyon en 1881

Chevalier de Légion d'honneur le 25 janvier 1846

Officier le 13 mars 1861

Commandeur le 11 mars 1868

Grand officier le 12 juillet 1880

Membre du Conseil supérieur de la guerre et du Comité de défense

Il fut un membre éminent de la Société de géographie

Ses obsèques eurent lieu à l'église des Invalides le mardi 10 février 1885 aux frais de l'Etat, en présence de MM. le général Pittié et le commandant Dessirier, représentant le président de la République ; les généraux Saussier, le gouverneur de Paris, et Thomas, commandant de Place, du général Lewal, ministre de la guerre ; l'amiral Peyron, ministre de la marine ; Félix Faure, sous-secrétaire d'Etat ; le maréchal de Mac Mahon ; tous les commandants de corps d'armée ; MM. Humbert, vice-président du Sénat ; Margaine, Casimir-Perier, Langlois, Warnet, chef d'état-major au ministère de la guerre ; Lecointe, gouverneur militaire de Paris... A minuit sa dépouille mortelle est transportée à la gare, d'où elle est dirigée sur Rolampont.

«A Rolampont, le corps du général arrive le lendemain par le train de 9 h. 1/2 du matin, accompagné des officiers d'ordonnance du défunt, du capitaine Thevenot, son neveu, et de plusieurs membres de sa famille.

Il était attendu à la gare par la municipalité, la compagnie des sapeurs-pompiers, la fanfare, la brigade de gendarmerie et le bataillon scolaire de la commune.

Après l'accomplissement des formalités administratives, le wagon est ouvert. Il est drapé à l'intérieur de tentures noires et argent ; il contient les innombrables bouquets de violettes et de magnifiques couronnes qui sont disposées avec beaucoup de goût sur le cercueil placé dans le corbillard ; celles qui ne peuvent trouver place sur la voiture sont portées par les pompiers.

Le cortège se forme et se dirige vers la maison très modeste que le général possédait à Rolampont.

A 11 h. 1/2 a lieu la levée du corps. Les cordons du poêle sont tenus par le général Davenet, commandant la 123e division, M. le général Delpech, commandant la 26e brigade, M. le Secrétaire général de la préfecture remplaçant le Préfet et M. le Maire de Rolampont. Le corbillard, précédé de la fanfare et escorté par les sapeurs-pompiers, est suivi : des officiers d'ordonnance du général, des membres de sa famille, d'un groupe imposant d'officiers des 21e et 109e de ligne et d'un grand nombre de notabilités du pays. On remarque notamment : MM. les colonels des 21e et 109e de ligne, M. le colonel Bardonnaut, M. l'ingénieur en chef des ponts et chaussées, M. l'inspecteur d'académie, plusieurs ecclésiastiques, etc., etc.

L'église de Rolampont, quoique vaste, est trop étroite pour contenir l'assistance. Le cercueil, sur lequel sont placés le grand uniforme, le chapeau d'officier général et les décorations du défunt est porté par les sapeurs-pompiers et déposé à l'entrée du choeur. La messe est dite par M. l'abbé Didier Couturier, chanoine de la cathédrale, parent du général. Après l'absoute donnée par M. le curé de Rolampont, le cercueil, porté par deux sapeurs-pompiers et des sous-officiers de toutes les armes, est conduit au cimetière. Les dernières prières des morts sont dites. A ce moment, le général Davenet s'avance et, les larmes aux yeux, d'une voix entrecoupée de sanglots, prononce sur la tombe de son compagnon d'armes, les paroles suivantes :

«Messieurs,

«Permettez-moi de revendiquer le douloureux honneur d'adresser quelques mots d'adieu au général Carteret, dont la tombe va se fermer pour toujours. Lié d'amitié avec lui depuis l'enfance, je l'ai suivi dans presque toutes les étapes de sa laborieuse et glorieuse carrière. Vous tous, ses compatriotes, vous connaissiez sa haute intelligence, ses sentiments élevés, sa modestie, son affabilité ; j'ai pu, moi, le voir au danger, et apprécier son coup d'oeil, sa vaillance, son inaltérable fermeté, et, je puis le dire, il possédait au plus haut degré toutes les vertus militaires ; c'était un grand esprit et un grand coeur.

«Hier, il recevait, à l'hôtel des Invalides, les honneurs dus à la haute situation qu'il avait su conquérir. Le gouvernement l'honorait, l'armée témoignait ses regrets de voir une carrière encore pleine de promesses brisée, hélas, pour toujours. Aujourd'hui son convoi est plus modeste ; mais les larmes que nous versons sur sa tombe sont plus amères, car celui que nous pleurons, c'est l'ami toujours dévoué, le compatriote éminent, honneur de notre pays.

«Carteret verra son voeu exaucé ; il reposera près de sa mère qu'il aimait tant et dont il ne parlait qu'avec attendrissement. Et puis, nous, Haut-Marnais, nous devons nous glorifier de posséder sa dépouille mortelle. Sa mémoire restera impérissable parmi nous, sa vie glorieuse sera l'exemple à proposer à nos enfants...»

On entend des sanglots partir de toutes les poitrines, nul ne peut s'empêcher de verser des pleurs... C'est fini.»

 

Sources :

H. Roger de Beauvoir, «Nos généraux», Berger-Levrault et Cie, Nancy
La République illustrée du 21 février 1885
L'Union de la Haute-Marne de Chaumont du 14 février 1885
L'Echo de la Haute-Marne de Chaumont du 14 février 1885

Voir aussi : Base Léonore, cote LH 437/75, Caran, Paris.

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© 02.12.98 - MAJ : 27/02/2009