Nicolas Blanchard

(1756-1793)

Les origines de Nicolas Blanchard

Dès 1600, les Blanchard sont présents à Lannes, aujourd'hui Rolampont-commune associée de Lannes (52).

Pierre Blanchard de Lannes, épouse le 2 février 1712 à Peigney (52) Anne Besson, fille de François Bresson laboureur de la ferme de Cordamble (propriété de l'Ordre de Saint-Jean), et de Michelette Quedevache dont le père Nicolas Quedevache était de la paroisse Saint-Pierre et Saint-Paul de Langres.

Onze enfants sont issus de ce mariage, dont Claude Blanchard, dit le jeune, né le 9 juin 1729.

Claude Blanchard, laboureur, épouse à Peigney le 20 novembre 1754 Claudette Lallemant de Lannes issue d'une famille de laboureurs et de meuniers.

De ce couple naîtront huit enfants dont l'aîné Nicolas Blanchard.

L'abbé victime de la Révolution

Nicolas Blanchard naquit le 11 octobre 1756 à la métairie de Cordamble, au territoire de Peigney. Il fut baptisé le même jour par l'abbé Garnier, curé de Champigny (52) et de Peigney. Il eut pour parrain Nicolas Blanchard, son oncle, laboureur à Cordamble et pour marraine sa tante Marie Lallement de Lannes

Après son instruction par l'abbé Lefèvre, curé de Bannes(52) et de Lannes, et par l'abbé Didier Parisel, Nicolas Blanchard entre au séminaire en 1781.

En 1779 on relève le nom de Nicolas Blanchard, clerc tonsuré, sur le registre de la Confrérie de Saint-Renobert (église Notre-Dame de Brevoines).

Il accède à la prêtrise le 20 décembre 1783, son ordination eut lieu en la chapelle du séminaire de Langres.

En février 1784, il est nommé vicaire de Colombey-les-deux-églises. Il restera affecté à cette charge jusqu'en avril 1785.

De mai 1785 au 18 juillet 1789 il sera vicaire de Rolampont.

En mai 1785, il signe l'acte de bénédiction d'un terrain acheté au chapitre de Langres, afin d'agrandir le cimetière.

Il assume alors presque seul les baptêmes, mariages et sépultures tels qu'en témoignent les registres de la paroisse.

En 1788, lorsque l'abbé Claude Guillaume se retire, il assure l'intérim jusqu'à l'arrivée de Nicolas Varinot nouveau curé de Rolampont.

Quelques mois après il est nommé vicaire de Vireaux (Yonne, canton d'Ancy-le-Franc) par Mgr de la Luzerne. Le diocèse de Langres s'étendant effectivement à l'époque jusqu'au Tonnerrois.

A Vireaux, le 30 janvier 1791, il prête serment avec restriction à la Constitution civile du clergé. Il diffuse les feuillets des Maximes de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, à l'usage des fidèles pendant les temps de schisme et de persécution. Il est dénoncé par Jean Baptiste Hodet, curé de Lézinnes, assermenté,dont il dépend. Il est arrêté et emprisonné à Tonnerre le 16 mars 1792, puis à Auxerre. Sa soeur l'aide à s'évader dans la nuit du 23 au 24 mai 1792. Il se cache un moment et rejoint la ferme de Cordamble et la maison de ses parents à Peigney. Il se refuse à quitter la France.

"Pour assister un moribond, j'irai aux portes de l'enfer"

Prêtre réfractaire, il exerce ensuite clandestinement son ministère au péril de sa vie, allant de cachette en cachette, célébrant baptêmes et mariages, portant les secours de la religion aux mourants.

La nuit du 2 au 3 juin 1793, il est arrêté sur dénonciation par les gendarmes de Langres à la ferme de la Tuilerie au territoire de Neuilly (entre Changey et Neuilly-l'Evêque).

"Je ne vous laisse point de bien, peut-être que si vous en aviez, vous vous perderiez..."

Après dix jours d'emprisonnement Nicolas Blanchard est condamné à mort le 12 juin 1793 à 18 heures par le Tribunal criminel du département siégeant à Langres pour fait de révolte, d'émeute et d'attroupement contre-révolutionnaire, à l'époque et à l'occasion du recrutement dans la paroisse de Corgirnon.

En effet, la loi du 24 février 1793 avait décrété la levée de 300 000 hommes pour l'Armée. A Corgirnon le contingent était fixé à quatorze volontaires, mais en mars-avril 1793 les jeunes gens du village s'enfuirent dans les bois refusant de se plier à la loi. Des dépositions reçues par le juge de paix de Fayl-Billot le 3 avril 1793, il résulta que Hubert Rossignol, ancien soldat, déjà détenu dans les prisons de Langres, s'était mis à leur tête, et qu'un prêtre, inconnu d'ailleurs, avait passé un jour avec eux et leur avait lu des prières.

Les biographes de Nicolas Blanchard se sont étonnés du motif retenu contre lui par le Tribunal criminel. Car, prêtre réfractaire, trouvé sur le territoire de la République, telle était sa véritable situation juridique lorsqu'il comparut. Or cet état passible de la peine capitale ne fut pas relevé, et ceci malgré la correspondance du procureur syndic de Langres adressée, le 11 juin 1793, à l'accusateur public pour attirer son attention sur la situation de l'abbé Blanchard à l'égard des lois contre les prêtres insermentés.

Le 13 juin 1793, Nicolas Blanchard écrit une dernière lettre bien émouvante à sa famille et ses amis.
A 18 heures, il monte sur l'échafaud, dressé sur la place du Marché de Langres, aujourd'hui place de l'Hôtel de ville. Le jeune homme de Bussières-les-Belmont (52), Hubert Rossignol, arrêté dans les bois de Corgirnon, l'accompagne.

Ce jourd'hui 13 juin 1793, Nous, commissaire national près le tribunal du district de Langres, chargé de procurer l'exécution du jugement départemental, certifions que ce jourd'hui, à six heures du soir, les nommés Nicolas Blanchard et Hubert Rossignol, condamnés à mort par ledit jugement, après en avoir entendu lecture au pied de l'échafaud, laquelle a été faite par le greffier en chef du tribunal du district de Langres, ont subi la peine de mort contre eux prononcée. En foi de quoi nous nous sommes soussignés avec notre greffier. C. Mulson, Jacquinot.

Ce furent les deux seules victimes de la guillotine sur la place de Langres.

D'autres cependant furent condamnés à mort et emmenés à Paris pour y subir leur sort.

"Ne vous laissez pas épouvanter par cette puissance ...
... mais ayez bien attention
de ne point troubler l'ordre public"

Le représentant du peuple Ruhl, de retour à Paris, faisant son rapport après sa visite de la Haute-Marne, informa les députés de la Convention de l'exécution du conspirateur Blanchard sous les applaudissements de l'assemblée (séance du 23 brumaire. Le Moniteur du 13 novembre 1793).

 

LE TESTAMENT DE L'ABBE BLANCHARD

Sources :

Archives municipales de Rolampont.
La Croix de la Haute-Marne, 11 juin 1893.
La Croix de la Haute-Marne, 1
er juillet 1989, p. 2.
GRAPINET (Paul), le Rocher lingon, 1993.
BOUR (Joseph) Echos du Val-de-Gris.

Bibliographie :

BRESSON (Arthur), "les prêtres de la Haute-Marne mis à mort pendant la Révolution", Imprimerie champenoise, Langres, 1914, 205 p., voir pages 31 à 107.
PIZELLE (Jean-Paul),"Un épisode de la Révolution au pays de Langres et de Tonnerre. L'abbé Nicolas Blanchard 1756-1793", éditions de la Shal, Langres, 1989, 48 p. Préface de M. Georges Viard, président de la Shal.

 

Crâne présumé de l'abbé Nicolas Blanchard,

exhumé le 23 février 1914 de l'ancien cimetière des Trépassés de Langres
& installé le 20 février 1922 dans la sacristie de l'église de Peigney, Haute-Marne.

© jchr 07.03.2000 - MAJ 22/05/05

 

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